Je voudrais vous emmener aujourd'hui dans un endroit qui m'est cher, le village natal de l'écrivain Colette, Saint-Sauveur en Puisaye (Yonne).
Je vous propose une petite balade dans ce village et en particulier une présentation de la maison de Colette qui vient d'ouvrir au public.
Je laisse la plume à Colette pour nous parler de son village et de sa maison, qu'elle a longuement décrits dans son oeuvre.
"C'est des maisons qui dégringolent depuis le haut de la colline jusqu'en bas de la vallée ; ça s'étage en escalier au-dessous d'un gros château, rebâti sous Louis XV et déjà plus délabré que la tour sarrazine, épaisse, basse, toute gainée de lierre, qui s'effrite par en haut, un petit peu chaque jour .[...] c'est un village, pas très joli même, et que pourtant j'adore."
La "vieille école délabrée, malsaine..." où Gabrielle Colette a étudié n'existe plus. Ce bâtiment inauguré en 1890 l'a remplacée. On peut lire le récit de cette inauguration dans Claudine à l'école, premier livre de Colette, signé par son mari Willy.
"Sur l'église de mon enfance, personne n'a reconstruit le clocher foudroyé depuis deux siècles environ. Mais le village l'aime mieux telle qu'elle est - et moi aussi"
Parlant de sa mère, Sido, Colette nous apprend : " Le dimanche, elle manquait rarement la messe. L'hiver, elle y menait sa chaufferette, l'été son ombrelle ; en toutes saisons un gros paroissien noir et son chien Domino..."
Rue de l'Hospice à l'époque de Colette, elle a été baptisée en l'honneur de l'écrivain en 1967.
" La façade principale, sur la rue de l’Hospice, était une façade à perron double, noircie, à grandes fenêtres et sans grâces, une maison bourgeoise de vieux village, mais la roide pente de la rue bousculait un peu sa gravité, et son perron boitait, quatre marches d’un côté, six de l’autre."
"Grande maison grave, revêche, avec sa porte à clochette d'orphelinat, son entrée cochère à gros verrou de geôle ancienne, maison qui ne souriait qu'à son jardin......"
Je vous emmène maintenant à l'intérieur de la maison.
La salle à manger
Le séjour
La "tanière enfantine" de Colette, " une ancienne logette de portier à grosses poutres, carrelée, suspendue au-dessus de l'entrée cochère et commandée par la chambre à coucher de ma mère..."
La chambre de Juliette, soeur aînée de Colette, évoquée comme "ma soeur aux longs cheveux"
Un soin particulier a été apporté à la reconstitution des papiers peints, recrées à partir de fragments retrouvés sous les multiples couches de peintures et de papiers.
Les jardins, jardin-du-haut, jardin-du-bas et jardin-d'en face, ont été réaménagés, en se basant sur les descriptions de Colette
"Une forte grille de clôture, au fond, en bordure de la rue des Vignes, eut dû défendre les deux jardins ; mais je n’ai jamais connu cette grille que tordue, arrachée au ciment de son mur, emportée et brandie en l’air par les bras invincibles d’une glycine centenaire…"
Pour terminer ce parcours dans le Saint-Sauveur de Colette, je vous montre un dernier lieu, un peu à l'écart :
"Au moins deux fois par jour, une fontaine, dite du Saint-Jean, rassemblait tout le pays autour de son abondance providentielle... froide, impatiente sur son désordre de cruches brisées et de carafes en tessons, que la forte source vannait sur son flot. Entre le Saint-Jean et nos premières maisons, toujours musait la file des enfants qui allaient à l'eau, ébréchaient et tétaient le nombril saillant des cruches... Comme les autres enfants je brisais de temps en temps une cruche, - quarante-cinq sous ! - et je m'enflais, à plein ventre, d'eau du Saint-Jean."
J'espère que ces quelques vues vous auront donné envie de partir sur les pas de Colette.
Les photos de la maison ne sont pas libres de droits. Elles sont publiées ici avec l'aimable autorisation de "La Maison de Colette". Merci de ne pas les copier ou les diffuser.
Bonne semaine, à bientôt !